vendredi 14 août 2009

Les bottes en caoutchouc


L'air s'est fait plus léger aujourd'hui, même le soleil s'est levé cet après-midi.

Quel bonheur de ne plus sentir son petit coeur si lourd, ployer sous le poids des années, des déceptions, des, des et des...

Aujourd'hui j'ai envie de chantonner, de sourire et de sauter comme une bulle de savon. Non, bien sûr, les bulles de savon ne sautent pas, elles volent, légères comme des plumes, au gré du vent.

Ma mère quand j'étais petite m'appelait "ma petite bulle", parce que lorsque j'étais contente, je me mettais à sauter comme une balle de tennis ou de ping pong ou comme une balle magique, qui saute et rebondit sur tous les murs et les plafonds de la maison et semble ne plus pouvoir s'arrêter. Évidemment, dans sa langue maternelle petite bulle sonnait différemment, en un seul mot, avec des b et des k, le mot lui-même était sous ressort.

Soudain, tout me revient en mémoire, tout prend sens. Il s'agissait,des bulles de l'eau pétillante! Elle m'appelait sa petite bulle d'eau! Oui, c'est ça!

Tout ça pour dire, qu'aujourd'hui, je me sens légère. Pourtant, chaque fois que j'en ai conscience, un voile gris, noir passe dans mon esprit, comme un memento mori: N'oublie pas que c'est éphémère. Je ressens un léger pincement au cœur. Je sais que cela ne durera pas, je sais que la chute sera douloureuse, elle l'est toujours.

Qu'importe! Aujourd'hui, je me sens légère. Mais déjà, mes yeux s'alourdissent, mon sourire s'efface. Non, non, non! Restez encore un peu! Je veux être heureuse, aujourd'hui, je veux danser et puis rire.

Dans quelques heures, je chausserai mes bottes en caoutchouc, même si finalement, on n'annonce pas de pluie, juste pour le plaisir de les voir à mes pieds, ces drôles de bottes tout droit sorties des rêves de mon enfance, des bottes en caoutchouc, comme celles que je portais les jours de pluie.

Je pouvais passer des heures à jouer sous la pluie avec mon petit frère. Nous habitions un peu à l'écart d'un petit village de Franche Comté, dans une maison attenante à un manoir. Il y avait là, derrière notre maison, un parc immense, que dis-je des prairies que délimitaient de petits sentiers bordés d'arbres. C'était notre terrain de jeu. Nous étions les seuls rois et reines de cet immense territoire. Seuls quelques écureuils et quelques insectes venaient troubler nos aventures. Nous inventions des histoires de pirates, de naufragés...

Une grosse gouttière longeait un mur de la maison. Ce jour-là, il pleuvait fort, une cascade d'eau de pluie sortait de la gouttière. Nous avions des petits pots, des seaux, des cuillères et des petites pelles de jardin. Nous nous sommes amusés, tout l'après-midi, à transvaser l'eau d'un récipient à un autre, à l'aide de nos outils.
D'une simplicité désarmante, ce souvenir est pourtant un refuge, un moment de plénitude extrême. Plus rien ne comptais, plus rien n'existait, sauf ce jeu qui nous a absorbé, des heures durant.

Aujourd'hui, je chausserai des bottes comme j'aurais rêvé en avoir étant enfant, avec des grosses fraises rouges dessinées.

Finalement, je ne sais pas, mais il me suffit de savoir qu'elles sont là, pour revenir vers les souvenirs les plus doux et les plus exquis de mon enfance.


Photographie:


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