Prologue
Le moniteur d'auto école a dit à la secrétaire: "maintenant, on ne peut plus rien faire pour elle".
Elle me l'a répété, je n'ai pas protesté, j'ai sourit.
Récit
Mon grand-père (enfin beau-grand-père. Pourquoi cette précision? Elle est de taille, je vous assure) avait une coccinelle vert bouteille. Il m'a souvent répété et promis, que lorsque je serais grande, il me la donnerait. Oui, toute petite déjà, j'adorais cette voiture. Il y a quelques années, il l'a revendue à un passionné. J'étais très déçue. Je l'ai croisée une fois, bavardé même avec son nouveau propriétaire, l'air de rien, cachant ma jalousie et contente finalement qu'il en prenne grand soin.
Je me rappelle d'un long voyage fait avec mon père, un des rares moments, où nous étions ensemble, tous les deux. Il m'emmenait, je crois, en colonie de vacances. Je devais avoir entre 7 et 10 ans. Je ne sais pas pourquoi mon père avait emprunté la voiture de mon beau-grand-père pour faire le voyage entre Lille et la Normandie. Mes parents habitaient où alors? Dans l'est de la France peut-être. Tout cela devait avoir une raison tangible, dont je ne savais rien. On prend rarement le temps d'expliquer les choses aux enfants, qui parfois ne pensent pas à poser de questions.
Ce voyage était pour moi un rêve incroyable, inespéré. Faire cette longue odyssée, dans la belle coccinelle verte. Ce qui était plus étrange, c'était de le faire avec mon père. Nous n'avons pas dû beaucoup échanger. Je me souviens du silence, du soleil et de ma gêne d'être là avec lui. C'était mon père, mais c'était un inconnu, qui m'impressionnait beaucoup. Pourquoi s'occupait-il soudain de moi? Je ne savais pas quoi dire, lui non plus sûrement, ou plutôt était-il ailleurs, dans ses pensées, ses tracas, ses angoisses, ses rancœurs dont j'ai hérité. Ma joie, cependant dépassait ce malaise, un long voyage dans cette coccinelle qui un jour serait mienne, plusieurs heures ensemble, sur des routes désertes de campagne. Une véritable aventure!
Il me revient en mémoire, un jeu que j'aimais beaucoup faire, enfant, lors des longs trajets qui nous emmenaient ma famille et moi, du nord vers la Provence, destination de nos vacances. C'était bien avant que mes parents ne réalisent leur rêve de s'installer là-bas. J'aimais beaucoup m'amuser à deviner, si les voitures qui passaient étaient gentilles ou méchantes. Tout était dans l'avant des voitures et dans l'expression des phares, enfin je veux dire dans leur disposition. Parfois, elles avaient l'air de sourire, ou paraissaient très en colère, voire tristes...
Parlant de voitures, j'aime tout autant les Fiat 500.
Selon la légende familiale, mes parents, mon grand-frère et moi, serions partis de notre pays natal pour la France, dans une Fiat 500. Mes parents avaient rempli cette petite voiture et avaient laissé tout ce qui n'y rentrait pas, c'est-à-dire presque tout, dans leur grand appartement, qu'ils avaient dû échanger contre des passeports. Puis partirent pour un pays, dont ils ne connaissaient rien. Mon frère avait 5 ans, j'avais 6 mois, mes parents un trentaine d'années. Devaient-ils être fous et inconscients pour faire une chose pareille?
Photographie:
- buttonmooon, Sunny Summer Driving via La méchante (Florizale)